Dire non un geste profondément radical et féministe

Dire non: un geste profondément radical et féministe

par | Infolettre

Ici, on est en pleine semaine de relâche, mais comme mon conjoint et moi n’étions pas en position de prendre congé, on a inscrit nos kiddos au camp de jour de la municipalité pour la semaine.

En fait, je suis vraiment heureuse d’avoir cette option! Les enfants vont être animés comme si y’avait pas de lendemain, ils vont jouer dehors, patiner, faire des forts et même assister à un petit spectacle. En plus, l’horaire est beaucoup plus flexible que lors des journées d’école, ce qui fait en sorte qu’on court beaucoup moins le matin et qu’on est plus relax le soir.

Un horaire d’été au printemps.

Et ça me fait gagner un peu de temps de travail, ce qui fait bien mon bonheur considérant que j’ai une semaine bien remplie devant moi!

Je t’ai raconté dans mon dernier article de blogue que j’hésitais à être active sur LinkedIn pour la simple et bonne raison que je ne souhaite pas avoir plus de visibilité.

Parce que dans ma tête:

Visibilité = mandats = agenda plein

Pis que mon agenda, ben il est déjà plein.

Sauf qu’il est pas plein pour les bonnes raisons…

 

Konmariser mon agenda

En 2023, je suis en quête de temps. De temps pour remplir les mandats extraordinaires que j’ai la chance qu’on me confie, mais également de temps pour accomplir mes projets personnels.

Et si je bourre mon agenda de tâches qui m’éloignent de ces deux objectifs, je me tire dans le pied.

Sauf que… c’est drette ça que je fais.

En disant oui, j’ai laissé les autres prendre contrôle de mon agenda. Et de fil en aiguille, je me suis retrouvée à n’avoir pratiquement plus de temps à accorder à mes mandats de création de sites web, alors qu’en réalité ils devraient occuper plus de 50% de mon horaire.

Reste que c’est quand même ça ma job, faire des sites web.

Dans le mois de février, j’ai travaillé 79,5h. Là-dessus, j’ai consacré 7h à la conception de site Internet.

Mettons je te calcule ça vite, vite, ça représente grosso modo 9% de mon temps. On est loin du 50% visé!

Ça fait que là, je suis en grand remue-ménage de mon entreprise. J’ai identifié les «time-suckers» ou bouffeurs de temps que je dois supprimer de mon horaire. J’ai déterminé des périodes dans ma journée où j’éloigne toute distraction pour m’assurer d’être pleinement concentrée, j’ai créé des blocs horaires où je travaille sur certains types de tâches seulement…

Et j’ai fait du ménage dans mes clients.

Honnêtement, c’est ça la partie la plus déchirante.

Parce que j’ai des clients qui sont avec moi depuis plusieurs années, que j’ai accepté d’aider à un moment où c’était aligné avec mon offre de service et ma disponibilité, mais pour qui je n’ai plus l’espace en ce moment.

Et c’est correct. Je veux dire, c’est normal d’évoluer dans notre entreprise et que certains services ne soient plus alignés avec nos objectifs.

Mais ça rend pas la chose plus facile.

En fait, revendiquer ce temps, c’est une des choses les plus difficiles que j’ai eu à faire jusqu’à maintenant.

Mais c’est aussi la plus importante.

 

Moi, le patriarcat m’aime bien

Le 8 mars, c’est la journée internationale des droits des femmes.

Et je me considère vraiment privilégiée, sur plein de niveaux:

  • Je suis blanche
  • Je suis hétérosexuelle
  • Je suis cisgenre
  • Je suis mère
  • Je suis en couple avec le père de mes enfants
  • J’ai un diplôme universitaire
  • J’ai un bon revenu
  • Je peux faire des petites journées de travail et moduler mon horaire selon les besoins de ma famille

En plus, j’ai rarement fait l’objet de sexisme, même si je subis du sexisme ordinaire un peu à tous les jours, comme toutes les personnes qui s’identifient comme femme, d’ailleurs.

Est-ce que ça veut dire que le sexisme n’existe pas ou que j’en suis jamais victime? Tellement pas, non!

C’est simplement que je vis une vie où le contexte fait que je colle à la narrative que notre société s’attend des femmes trentenaires: en couple, hétéro, avec des enfants, revenu stable, qui voyage les enfants au karaté…

On s’entend que j’ai pas un mode de vie très provocateur. Je colle beaucoup aux normes sociétales, un peu malgré moi.

Bref, le patriarcat m’aime bien.

Pourtant, en cette journée j’ai envie de poser un geste radical pour revendiquer un droit qu’on nie presque systématiquement aux femmes.

 

Le droit de dire non

En tant que femme, la société s’attend de moi à ce que je sois un buffet à volonté.

  • Que je sois en mode générosité et don de soi à tous vents.
  • Que je donne sans compter et sans jamais rien attendre en retour.
  • Que je trouve un trou dans mon horaire.
  • Que je m’assois en dernier pour manger.
  • Que je mange le bout de toast brûlé.
  • Et bien aujourd’hui, je vais dire non.

 

Et bien aujourd’hui, je vais dire non.

Aujourd’hui, je ne m’écraserai pas pour faire de la place à quelqu’un d’autre. Pas même mes propres enfants (ouh! sacrilège!).

Est-ce que ça va être facile? Crissement pas.

Mais faut commencer à quelque part, hein?

 

Je le fais pour mes enfants

OK c’est genre le pire cliché de la terre, de dire qu’on a eu des prises de conscience grâce à nos enfants. Mais c’est vrai, alors je m’assume et je te partage ça.

Je me questionne souvent sur le genre de modèles que mon chum et moi sommes pour nos enfants.

Je sais qu’en quelque sorte, notre relation de couple et qui nous sommes comme parents aura une influence positive ou négative sur eux.

Par exemple, je me suis toujours dit que je ne vivrais pas de relation de couple comme celle de mes parents. J’en suis bien éloignée en ce moment (et c’est pour le mieux!) mais il reste que cette conviction m’a également amenée à prendre de mauvaises décisions. Comme de rester avec quelqu’un par peur de l’échec, même s’il s’agissait d’une relation dans laquelle j’étais profondément malheureuse et qui a éventuellement mené à une dépression et des troubles alimentaires.

Alors je me demande:

  • Est-ce que mon chum est un bon exemple de conjoint pour ma fille?
  • Et un bon modèle pour mon fils?
  • Est-ce que notre couple est un exemple de relation saine et égalitaire?
  • Est-ce que notre communication est respectueuse et fluide?
  • Est-ce que nos interventions sont justes et alignées?

 

Mais plus particulièrement…

 

Est-ce que je suis un bon modèle de mère, un bon modèle de femme?

Spontanément, ma première réaction c’est oui. Bien oui, voyons donc! Mets-en que je suis un bon modèle.

Mais dans le fond, non.

Parce que quand les enfants sont là, je suis souvent en train de rusher mes tâches quotidiennes pour pouvoir avoir un peu de me-time en soirée, quand ils sont couchés.

Parce que je me sens mal de ne pas être capable de rester à jour dans le pliage du linge.

Parce que je ne suis pas capable de m’asseoir et lire s’il reste de la vaisselle sale sur le comptoir.

Et pourtant, personne ne me demande de faire ça.

C’est moi qui m’impose ces standards-là à cause d’une misogynie internalisée malsaine.

Pis honnêtement, ça me dérangeait pas trop. Je le voyais pas comme une violence que je m’infligeais au quotidien.

J’aime ça avoir une maison propre, j’aime ça quand tout est fait et que je peux m’asseoir pour relaxer, tranquille, le soir, dans le silence.

Sauf qu’un jour, je me suis imaginée que c’était ma fille Renée à ma place.

Que c’était Renée qui se dépêchait de faire sa vaisselle le soir en préparant les sandwichs pour le lunch du lendemain.

Que c’était Renée qui pliait de linge devant Netflix parce que sinon elle aurait jamais le temps d’écouter la télé.

Que c’était Renée qui s’assoyait tous les soirs devant une assiette froide pour le seul repas pas pressé de la journée.

Pis sérieux, ça m’a brisé le cœur.

Je veux tellement pas ça pour ma fille. Je veux tellement pas que mon gars laisse sa blonde faire tout ça parce qu’il considère que c’est normal.

Et pourtant, je me l’inflige à moi-même?

Ça a été ça, ma prise de conscience.

Ça veut pas dire que je fais «fuck toute» dans mes tâches ménagères, on s’entend. Mon chum et moi on a un répartition équitable des tâches et on donne chacun du sien. 

Mais est-ce que je suis obligée de la faire au détriment d’activités qui me nourrissent et me font grandir? Non.

Et puis en plus, j’ai même le droit de demander de l’aide 🤯

 

En quoi revendiquer son temps est un geste profondément radical et féministe

J’ai conscience que tu me lis jusqu’ici et que le sujet de monarticle est loin d’être léger Roger-bon-temps, mais je veux terminer sur ce post que ma collègue Caroline Descoste a partagé à quelques reprises en story sur Instagram:

Dire non: un geste profondément radical et féministe

« J’ai vu des femmes vouloir nettoyer toute la maison avant de s’asseoir pour écrire.

Mais vous savez ce qui est curieux à propos du ménage?
C’est qu’il n’y a jamais de fin.
C’est la meilleure façon d’arrêter une femme.

La femme doit faire attention pour ne pas laisser leur sens des responsabilités (ou de respectabilité) voler leurs moments de créativité et d’inspiration.

Elle doit simplement mettre un pied à terre et dire non à la moitié des choses qu’elle croit qu’elle “devrait” faire.

L’Art ne devrait pas être créé uniquement dans des instants volés.»

Si tu t’intéresse aux sacrifices que les femmes doivent faire pour créer, il y a plusieurs lectures disponibles à ce sujet, dont quelques essais de Virginia Wolfe.

Ici, je tiens à préciser que je fais référence ici aux contraintes que je m’impose à moi-même.

Jamais mais au grand JAMAIS mon chum ne m’a obligée à faire quoi que ce soit dans la maison, il ne m’a jamais fait des commentaires sur les tâches faites ou pas faites, ou sur quoi que ce soit en fait. J’ai un amoureux vraiment respectueux.

Cette pression-là, elle vient de moi seulement, parce que inconsciemment, c’est ce que j’ai appris que je devais faire dans mon rôle de femme et de mère.

Pis peut-être de quelques traumas d’enfance aussi (sûrement de quelques traumas d’enfance).

Il y a une pression collective sur ce qui est attendu comme comportement des femmes dans les sphères professionnelles et privées.

Même si, je crois, on fait des avancées à ce niveau, il y a encore des jeunes filles qui n’aiment pas le rose parce qu’elles ont peur d’être perçues «fifilles», il y a encore des femmes qui sentent l’urgence de nettoyer leur lavabo de cuisine quand leur belle-mère leur rend visite.

Comme société, on enferme encore les genres féminins et masculins dans des rôles très stéréotypés.

Et c’est malheureux.

 

Être une femme dans un milieu dominé par les hommes

Construire des sites web, c’est un métier encore trop récent pour dire qu’il est traditionnellement réservé aux hommes.

Par contre, la réalité démontre que le domaine des TICs (technologies de l’information et de la communication, pour les intimes) est occupé à 76% par des hommes contre 24% de femmes sur le marché du travail.

Malgré tout, il y a peu ou pas de données sur le place occupée par les femmes solopreneuses ou à leur compte dans le monde des TICs.

C’est dans cette optique que Geneviève de Champlain (ben oui, comme Samuel) a mis sur pied Mesdames Web, une initiative mettant de l’avant 5 femmes du web au Québec.

Et j’en fait partie, aux côtés de 4 autres merveilleuses femmes:

Je t’invite à aller découvrir leur parcours (et le mien) juste ici: https://mesdamesweb.com/

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